C'est une étape nécessaire d'une civilisation : réunir en un ensemble cohérent l'ensemble des textes publiés par le pouvoir, afin de disposer d'un outil permettant de définir selon quelles règles elle organise. De nos jours, cela s'appelle le code civil, tout simplement. Le besoin de tels outils s'est fait sentir dès la civilisation babylonienne, avec le Code d'Hammourabi, que précèderent les codes d’Ur-Nammu (env. 2050 av. J.-C.) et de Lipit-Ishtar (env. 1850 av. J.-C.) mais ces recueils de texte sont plus des compilations que des codes.

La Grèce un peu plus tard ne distingue pas la philosophie du droit. Or, pour que la codification voie le jour, il convient donc, au préalable, que le droit soit perçu comme une réalité indépendante, comme une science, ce qui ne se réalisera qu’à Rome à partir de l’époque de Cicéron. Dans l’Empire romain, l'unique source de la loi est l’Empereur. Il fait connaître ses décisions dans divers documents, regroupés sous le nom générique de « constitutions » : édits, pour des actes à portée générale, mandats pour les instructions administratives, décrets en cas de jugements rendus par le conseil impérial, rescrits pour les réponses formulées au bas des lettres des particuliers.
Mais l'Empire, bien organisé à certains égards, s'intéresse cependant peu à ses propres archives. Et à l’articulation du IIIe et du IVe siècle, à quelques années d’intervalle, voient le jour deux publications qui sans constituer totalement des codes dans le sens que nous donnerions, en sont de fait les prémisses : en 291–292 probablement, le Code Grégorien, suivi en 295 (ou en 314) du Code Hermogénien. Il s'agit de codex, c’est-à-dire - c'est un élément capital - qu'il s'agit de livre et non plus d'ensemble de rouleaux de papyrus. Ces livres pour la première fois regroupent tous les rescrits, avec leur texte intégral ou partiel.
La source du premier de ces livres reste mal identifiée, mais plusieurs chercheurs postulent que le Gregorius qui aurait donné son nom était un professeur de l'Ecole de Droit de Beyrouth. Et c'est donc un exemplaire original du Code Grégorien que deux professeurs de l'University College de Londres ont annoncé avoir identifié en reconstituant 17 fragments de parchemins en cours d'étude. Or si des parties du Code Grégoire ont perduré, cité par d'autres sources, il n'en existe plus d'exemplaires originaux attestant de sa forme originale. "Ces fragments sont la première preuve directe de la version originale du Code Grégorian" dit l'un des deux chercheurs, le Dr Corcoran dans un communiqué publié sur EurekAlert.